Le modèle
Traiter mieux pour, si possible, traiter moins : tel est l’intérêt pour la filière de ce programme de modélisation du comportement épidémique des maladies de la vigne.
Traiter mieux pour, si possible, traiter moins : tel est l’intérêt pour la filière de ce programme de modélisation du comportement épidémique des maladies de la vigne. Notre objectif consiste ainsi à évaluer les risques encourus, et prévoir leur évolution pour tenter d’enrayer l’installation des maladies sur nos vignobles, par des traitements le plus souvent chimiques à l’heure actuelle. Les enjeux majeurs relèvent ainsi d’ordres techniques, économiques, et écologiques : la filière représente près de 20 % du volume national de produits phytosanitaires consommés, pour une surface viticole inférieure à 4 % de la surface agricole utile.
Les maladies dominantes visées – mildiou, oïdium, black rot, pourriture grise, excoriose – génèrent à elles seules la majeure partie des intrants chimiques épandus au vignoble. Ces maladies cryptogamiques sont dues à des champignons ou apparentés microscopiques. Leur particularité est ainsi de comporter des phases :
- de développement difficilement observables au vignoble (conservation hivernale, contamination),
- d’incubation invisibles, au delà desquelles la maîtrise d’une lutte chimique est rapidement compromise,
- de cycles de multiplication exponentiels qui peuvent provoquer l’apparition brutale de destructions quantitativement et qualitativement compromettantes.
Les modèles sont donc des outils indispensables pour anticiper sur les contaminations à venir et autoriser ainsi la mise en œuvre de telles stratégies de luttes raisonnées préventives ou curatives, adaptées à l’évaluation de la pression parasitaire.
Chaque modèle constitue une véritable synthèse de nos connaissances sur l’épidémiologie de ces organismes. Celles-ci sont mises, par langage mathématique, dans des équations qui intègrent les paramètres climatologiques, principaux facteurs explicatifs du développement des épidémies. Température et pluviométrie sont les principales variables utilisées. Chaque jour, le modèle mesure leurs variations par rapport aux normes saisonnières locales, et interprète leur impact sur le comportement des bio-agresseurs.
Les modèles que nous utilisons dans le cadre de notre travail relèvent de la démarche systémique, ou sont d’ordre mathématique. Ils s’opposent aux modèles statistiques qui ne peuvent que décrire des éléments de biologie déjà connus. Le modèle systémique Potentiel Système propose par la mathématique, des théories biologiques qui tentent d’expliquer le déroulement des épidémies. Ils sont ainsi précurseurs de plusieurs découvertes biologiques et épidémiologiques majeures (importance de la phase sexuée du mildiou, rôle des pluies dans les contaminations d’oïdium…).
L’évolution de ces modèles et leur mise au point passe donc nécessairement par des travaux de recherches épidémiologiques, ou de génétique des populations. Leur validation permanente en temps réel repose sur le suivi hebdomadaire en saison de réseaux de parcelles témoins non traitées disséminés au cœur des principaux vignobles français qui participent à notre action (Aquitaine, Midi-Pyrénées, Cognac, Sud-Est et Val de Loire).